EXPERIENCES DES COMMUNAUTES FOCOLARI DU CENTRE ET EST DU CANADA MARS-MAI 2020

Le confinement dans ma comunauté religieuse
Je vous partage comment je vis le confinement avec mes confrères : malgré les temps difficiles que nous vivons, nous demeurons unis et plein d'espérance. J'accompagne un confrère qui, tout en étant membre de notre groupe communautaire, vit dans un centre pour personnes âgées. Il vient passer une journée semaine avec nous. Depuis le début du confinement il ne peut sortir de l'édifice où il habite, il ne peut même pas sortir de son appartement. J'ai donc pris l'habitude de lui téléphoner tous les jours pour briser sa solitude. Au début je sentais qu'il était très agacé par mes appels comme s'il sentait que je cherchais à le contrôler. Maintenant, après 3 semaines, c'est lui qui me téléphone si j'oublie. Une fois semaine je vais chercher son linge sale pour le laver et lui rapporte celui de la semaine précédente. Je rajoute quelques fruits et gâteries dans la boîte. Avec mes confrères (nous sommes dix dans la maison) nous avons eu l'idée de construire un arc-en-ciel (composé d'une centaine de petits coeurs) dans notre chapelle pour prier pour tous ceux et celles qui se recommandent à nos prières. Nous avons la chance d'avoir un prêtre qui vit avec nous. Les occasions de prier pour chacun(e) d'entre vous ont donc été nombreuses durant les jours saints. Je me suis imposé une routine dans le but d'aimer mes frères concrètement : tous les matins j'enfile une paire de gants et je fais le tour de toutes les poignées de portes, téléphones, rampes d'escalier, souris d'ordinateur, etc.… pourbien les nettoyer avec un produit désinfectant.


Faire le premier pas
J'ai appelé mon frère pour voir comment il allait ces derniers temps de confinement. Il avait l'habitude de me taquiner à cause de ma foi en Dieu. Avant de lui téléphoner, j'ai prié l'Esprit Saint. Pendant la conversation au téléphone qui a suivi il a partagé avec moi son inquiétude particulièrement face à la situation actuelle. Après l'avoir écouté, j'ai partagé avec lui l'dée qu'un changement de nos manières de vivre pourraient nous faire évoluer vers un monde meilleur.


Avec les voisines
Le confinement m'a amenée à me soucier plus de mes 2 voisines du haut. Une de ces voisines vient du N-Brunswick et a peu de contacts : comme elle a 75 ans et n'a pas internet ni de carte de crédit, c'est notre fille qui fait ses courses le samedi. Et comme notre voisine ne sort plus dehors depuis le confinement, je l'invite à une courte marche dans un parc et elle en est très heureuse. L'autre voisine, une jeune infirmière en confinement - car immuno-supprimée- va promener son chien 2 fois par jour; alors 3 ou 4 fois par semaine, j'y vais avec elle...ça brise l'isolement car elle est plutôt seule...et comme on le sait, en retour il y a la découverte d'une joie qui vient dans nos coeurs...
Le travail à l'hôpital
Je travaille au département d'hygiène et salubrité d'un hôpital. Je travaille aux urgences et c'est là où passent toutes les personnes qui souffrent et qui savent ou ne savent pas pourquoi
et qui généralement ont le plus besoin d'aide. Quand ils vont aux étages c'est pour se faire traiter. C'est là qu'ils sont souvent perdus en attente d'un diagnostique. Alors je leur donne un sourire je les regarde dans les yeux, je les fais sentir que je les vois même si je ne peux pas grand chose pour eux, mais cela me permet de faire ma part, comme par exemple leur donner un verre d'eau, mettre une petite couverture, donner une petite boite de mouchoir, discuter un petit peu, donner des petits chaussons, nettoyer un petit dégât, demander aux preposés de l'aide .... Ce n'est peut-être pas grand chose mais c'est ma facon de leur dire "je te vois et si je peux t'aider c'est avec grand plaisir que je vais le faire". En ce qui concerne les infirmières, infirmiers, les preposés ...ils sont tous a bout de souffle. Ils ont des emplois de temps astraignants . J'essaie de les aider même si tout le monde me dit que je ne devrais pas ... Mais ma relation avec eux est aussi importante qu'un membre de ma famille. Et je suis comblée surtout quand je donne sans attente et que je reçois en retour un beau sourire ou un merci "tu me sauves la vie"...


Un acte d'amour peut devenir contagieux
Sur le site Web d'un hôpital, j'ai vu qu'ils devaient fabriquer 1000 masques par semaine. J'ai demandé l'aide de mes amis et de tout mon groupe Whatsapp.
Nous avons chacun contacté autant de personnes que possible pour coudre ou donner le matériel nécessaire. Les membres de ma famille m'ont également aidé. J'ai vécu des moments de difficulté lorsque certains disaient qu'ils voulaient coudre un motif de masque différent, ou lorsque d'autres n'étaient pas d'accord sur les couleurs des masques, mais je les ai écouté avec amour jusqu'à la fin. Et à la fin de la deuxième semaine, j'ai pu livrer un lot de 300 masques à l'hôpital.
Contacter toutes ces personnes m'a également donné la chance de renouer avec de vieux amis et cela a apporté tellement de fruits. Beaucoup de personnes que nous avons contactées à l'origine pour donner des matériaux et aider à coudre ont ensuite tendu la main à d'autres. Par exemple, un ami a des liens avec quelqu'un dans la fabrication de vêtements. Le fabricant donne maintenant du matériel, le coupe et trouve ses propres bénévoles pour fabriquer près de 500 tenues médicales . Notre projet est devenu un effort communautaire étendu, utilisant différents talents et impliquant d'autres personnes pour servir nos voisins ensemble. Quand nous faisons notre petite partie de tout notre coeur, Dieu fait le reste!


L'expérience d'une famille qui s'est aggrandie
Juste avant notre confinement , on m'a diagnostiqué un cancer du côlon de stade 4. Maintenant que j'ai commencé mon traitement de chimiothérapie et que mon système immunitaire est compromis, je ne suis pas autorisé à sortir en public pour faire des courses pour la famille. Mon mari, qui travaille maintenant à domicile avec nos 5 enfants, est également terrifié à l'idée de sortir de peur de ramener un germe qui pourrait m'infecter. Cependant, tous ceux qui ont entendu parler de mon diagnostic se tournent vers nous pour nous aider! Hormis mes soeurs qui font l'épicierie pour moi, ma voisine d'en face aussi nous apporte des choses quand elle sort. Des amis ont ajouté des articles dont nous avions besoin à leurs "listes d'épicerie en ligne" qu'ils
déposent chez nous, et parfois je trouve des produits d'épicerie sur notre véranda qui semblent apparaître comme par magie et sans aucune note attachée! Mais le cadeau de loin le plus incroyable est que toute la communauté des Focolari ici à Toronto a fourni à notre famille des repas tous les soirs depuis le début de mon traitement! Cela donne à nos enfants plus âgés la liberté d'aider à la scolarisation et aux soins des plus jeunes, ce qui est difficile pour moi car j'ai besoin de siestes fréquentes en raison des effets du traitement. Tout aliment supplémentaire que nous avons nous le partageons avec mes parents qui vivent dans la rue, ou avec le père âgé de mon mari qui est tout seul et confiné dans son condo.
Chaque dimanche, la communauté se rassemble via Zoom pour prier le chapelet pour moi et pour les nombreuses autres intentions que nous avons tous. C'est une source de grande force pour moi car j'ai l'impression de ne pas vivre seule cette maladie, mais j'ai plutôt une armée de gens qui m'aident à porter cette croix! Je suis pleine de joie, d'espoir et d'optimisme grâce au don et à l'amour concret de cette grande grande famille !!


Etre là pour l'autre
Depuis que le confinement a commencé, cela m'a permis de me recentrer sur l'essentiel: ma relation avec Dieu en prenant le temps de bien méditer , en essayant de vivre le mot du jour, en vivant la messe virtuellement et en prenant le temps de prier durant la journée. Chaque geste est " pour toi Mon Dieu " mais comme le dit Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, au-delà de ça, c'est à dire avec un regard pour l' autre.
Je prends le temps de téléphoner à des personnes qjui sont seules et offre mes services pour faire des courses et prends le temps de faire des exercices ou bien des marches.
Depuis une semaine , dans la famille nous vivons une situation plus difficile , ma belle-mère ayant eu un diagnostic de cancer généralisé, nous vivons des moments intenses en général virtuels mais aussi ensemble. Dans ces moments là, on s'oublie pour être présent à l' autre. Ce qui est plus difficile c'est le fait qu'on ne puisse pas être présents physiquement comme on le souhaiterait car il y a des règles strictes de visit..
Cependant, nous ressentons une unité très forte entre nous et nous prenons le temps de soutenir mon beau-père qui se retrouve confiné à la résidence et qu'on ne peut visiter. Nous avons organisé des visites virtuelles par SKYPE avec lui de sorte qu'il peut voir sa femme à l'hôpital et lui parler sinon, par téléphone. Nous tentons par tous les moyens de rester en contact afin qu'ils puissent sentir cette proximité malgré la distance imposée. Cette situation nous fait réaliser l'Importance d'être là pour l'autre et que le moment présent me fait vivre pour l' autre. Le confinement me fait réaliser des beaux moments de solidarité. et cela met un baume sur la situation actuelle vécue. Avec le Christ ressuscité, je demeure sereine dans chaque moment vécu.

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