Résilience et Providence

 

Quand on m’a demandé d’écrire mon expérience par rapport à la traversée de la pandémie comme entrepreneure de l’Économie de communion, sur le coup j’étais flattée qu’on pense à moi, par la suite j’étais un peu appréhensive, car la pandémie n’est toujours pas terminée, je n’irai donc pas crier victoire maintenant, je peux juste humblement vous partager comment nous avons survécu jusqu’à aujourd’hui grâce à Dieu. 

Comme vous devez l’imaginer, l’industrie du tourisme est parmi celles qui ont été les plus durement touchées. La plus grosse part de nos revenus venait surtout des voyages de groupe organisés à l’international… Il a fallu se réinventer avec des voyages au Québec, des petits forfaits pour les voyageurs indépendants ainsi que des retraites et des conférences en ligne. Heureusement nous avons eu droit à des subventions et prêts du gouvernement, de plus nous avions un coussin de sécurité, de l’argent que j’avais choisi de mettre de côté dans les bonnes années, en cas d’urgence. À la fin de chaque année financière, je priais l’Esprit-Saint de m’éclairer sur le montant à donner à l’Économie de communion et le montant à garder pour développer l’entreprise. Une petite voix me disait de garder une réserve, je me demandais si c’était vraiment la bonne chose à faire, si ce n’était pas plutôt mon insécurité qui parlait. Aujourd'hui je crois que l’Esprit-Saint m’a bien éclairée. 

Cette expérience de la pandémie m’a servi aussi à revenir à l’essentiel. Durant les bonnes années de Spiritours, nous avions emménagé dans de grands bureaux de 3000 pieds carrés et avions signé un bail jusqu’en mars 2022. Le propriétaire a vendu l’immeuble en septembre 2020. Vers la fin novembre les nouveaux propriétaires sont venus discuter avec moi, ils m’ont dit qu’ils voulaient transformer les 3 derniers étages sur 4 en condominiums (nous étions au 4ème étage), et ils m’offraient un local plus petit au 1er étage qui demeurerait corporatif. J’étais très attachée à nos locaux, car nous les avions rénovés à nos frais (planchers de bois flottant, grande murale…etc.) et j’avais l’illusion que les voyages internationaux recommenceraient au printemps. Je croyais à tort qu’on allait bien s’en sortir et pouvoir continuer de se payer nos beaux locaux, j’ai donc poliment refusé leur offre. Deux semaines plus tard, je recevais un avis d’éviction par huissier effectif en septembre 2021. J’étais furieuse et ma première réaction était de me dire que j’allais me défendre pour faire valoir mes droits afin qu’ils honorent mon bail. Nous étions à quelques semaines de Noël et la deuxième vague devenait de plus en plus grosse. J’ai partagé mon malheur à une amie qui m’a dit : « Anne, regarde ça comme une opportunité », elle m’a fait prendre conscience qu’en effet, cette situation était une opportunité de me libérer d’un loyer qui me coûtait cher et de revenir à l’essentiel. J’ai donc non seulement accepté l’éviction, mais j’ai négocié de partir en avril 2021. Nous avons cherché pour un bureau plus petit et finalement j’ai pensé m’informer au Centre Le Pèlerin (un organisme catholique à but non-lucratif, qui se spécialise dans la formation à l’accompagnement spirituel) s’ils n’auraient pas un petit bureau à nous louer. Ils ont dit oui et nous ont fait un véritable prix d’ami. De plus, ils avaient de l’espace pour qu’on puisse entreposer nos meubles et tout notre matériel. J’ai vendu tout de même plusieurs meubles, surtout les plus gros, puis nous avons emménagé dans ce petit bureau de 144 pieds carrés. Tous les employés étaient en télétravail, alors ils ont bien accepté cela. 

Je n’ai jamais voulu les licencier. En mars 2020, nous avions déjà envisagé le programme de travail partagé. Le plan était de mettre temporairement les employés sur ce programme à mi-temps après le « rush » qui nous attendait pour annuler et reporter les voyages prévus en mars, avril, mai et juin 2020 et donc ils auraient eu du chômage pour les heures non-travaillées…  Avant même d’avoir fait la demande, ils ont annoncé la subvention salariale d’urgence du Canada, ce qui m’a permis de garder nos 6 employés plusieurs mois. En janvier 2021 malheureusement une employée clé a décidé de partir et, en mars ou avril 2021, voyant que la subvention diminuait et que les voyages du printemps étaient encore reportés, j’ai dû remercier temporairement 2 employés. Une autre est partie en mai et j’ai dû la remplacer pour faire face à la haute saison qui s’annonçait tout de même prometteuse avec nos voyages au Québec.  Ce fut tout un défi de faire la formation à distance. J’ai dû réduire les heures de tout le monde en décembre à 75% et cette dernière recrue m’a annoncé qu’elle avait trouvé un autre travail. J’étais vraiment triste, mais grâce à Dieu elle a choisi de continuer quand même aussi avec nous à temps partiel, elle nous donne en moyenne 12 heures par semaine et voici le message qu’elle m’a écrit récemment et qui m’a beaucoup touchée : 

« Je tiens tout autant à t’apporter ma gratitude ainsi qu’à toute l’équipe de Spiritours. Je suis très heureuse de faire partie de cette belle équipe et d’apprendre petit à petit avec vous à enrichir mes connaissances, mes savoir-faire et aussi savoir-être. Merci aussi de nous laisser notre chance de participer dans les prises de décisions et merci de toujours nous mettre au cœur de cette belle entreprise. »

J’aurais tant de choses à raconter, comment par exemple j’ai eu l’aide d’un coach gracieusement qui m’a appelé à deux reprises pour savoir comment j’allais et m’encourager, qui m’a référée à une autre personne qui nous a formé à faible coût pour apporter des améliorations au niveau numérique. Comment, grâce à une association dont je fais partie, j’ai pu avoir des conseils légaux d’un avocat gracieusement, et accès à une subvention pour nous aider à automatiser notre facturation… Le Seigneur m’a envoyé des personnes clés dans les moments où j’en avais le plus besoin et nous a soutenus durant cette période difficile et continue de le faire.  

Dès le début de la pandémie j’ai dit au Seigneur : « Je mets ma confiance entre tes mains! » et cette espérance, enracinée dans ma foi, ne m’a jamais lâchée, elle m’aide à aller de l’avant et à rester debout.  

 

                                                                                                       

                                                                                                                                                                                                                                                                                              Anne Godbout,

                                                                                                                                                                                                                                                                                              Montréal 7 février 2022

 

 

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